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Les illusions d'optique
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Introduction
I. Les illusions d'optique
II. L'illusion du relief
III. Les images subliminales


TPE : Illusions d'optique
Doit-on croire tout ce que l'on voit ?

Les images subliminales

 

Les preuves de l’existence d’images subliminales

 

  • Définition

Les images subliminales sont des images présentées pendant une durée trop courte pour être perçues consciemment. On sait que la perception visuelle est assez lente et qu’elle recompose un mouvement continu à partir d’une succession rapide d’images fixes. C’est le principe du cinéma ou de la télévision, qui défile à raison de 25 images par secondes. Si l’on projette une image pendant une durée encore plus brève, elle ne sera pas perçue consciemment mais le cerveau l’intègrera et le décodera.

 

Apport de la philosophie

Percevoir un stimulus sans en avoir conscience ou plus généralement penser sans conscience est une idée ancienne qui a fait l’objet de présupposés chez certains philosophes depuis le XVIIème siècle.

 

Idée de Locke :

Philosophe anglais, John Locke (1704) a défendu la notion d’une connaissance acquise par l’expérience. Il a été l’un des défenseurs d’une « psychologie empirique ». Locke explique que lorsque nous percevons un corps rond de couleur uniforme, ce qui est projeté dans notre œil c’est un cercle plat diversement ombragé, avec différents degrés de lumière. Mais comme nous savons par l’habitude quel type d’images les corps convexes produisent en nous, nous procédons à des corrections, et nous percevons un objet convexe contrairement à ce qui est projeté dans nos yeux. C’est donc, selon Locke, parce qu’ayant acquis par l’expérience du toucher l’idée de cette figure, et que sachant quelle sorte d’image elle produit en nous par la vue, que nous nous sommes accoutumés, contrairement à ce que rapporte cette image, à la juger convexe. Ainsi, le philosophe anglais donne une importance considérable aux expériences passées qui participent à la perception d’un objet et par delà au procédé de la connaissance et explique ainsi le fait que nous voyons les distances, estimons les tailles des objets et nous ne nous laissons pas tromper par les illusions d’optiques. Ces informations passées qui nous aident à percevoir correctement sont totalement non conscientes. Ce dont l’individu est conscient est le corps qu’il voit. Mais il n’est pas conscient que son expérience du toucher lui permet de voir un objet convexe et non pas un cercle plat comme cela est projeté dans son œil.

 

Apports de la psychologie

Après les présupposés des philosophes, les psychologues ont mis empiriquement en évidence la perception subliminale dès la fin du XIXème siècle.

Plusieurs expériences

Sidis (1898) a fourni une excellente illustration du phénomène de perception subliminale concernant la vision des lettres, de figures et des noms propres. Dans cet objectif, il plaçait des sujets, pourvus d’une vision normale, à une distance de stimulus tels que ces derniers affirmaient ne pas être capables de les voir. Ensuite, il leur demandait de nommer ces stimuli même s’ils se déclaraient incapables de les voir. Les résultats montrent que leurs réponses sont significativement plus importantes qu’avec un hasard (>50%) même si leurs performances n’atteignent pas les 100%. Les sujets perçoivent les stimuli sans être conscients. Ainsi, Sidis a montré que des lettres, des figures et des noms propres présentés à une distance trop grande pour être consciemment perçus, ont néanmoins été correctement identifiés plus souvent qu’ils ne l’auraient été sur la base d’une décision prise au hasard.

 

Williams (1938) rapporte des expériences réalisées avec la même procédure expérimentale que celle qui a été utilisée par Sidis. Il présentait des figures géométriques (triangles, cercles et carrés) selon un ordre prédéfini. Ces formes géométriques étaient présentées sur un écran de manière subliminale. Parmi ces figures, il y avait des formes contrôle, dont l’illumination était très faible, c’est-à-dire impossible à percevoir consciemment. Ensuite, il demandait aux sujets d ‘exprimer sur des échelles en trois points leur degré de certitude allant de « J’ai vu clairement » à « Je n’ai rien vu, c’est une pure devinette », en passant par « j’ai vu quelque chose, mais j’en doute ». Dans l’analyse des résultats, seuls les sujets ayant déclarés « je n’ai rien vu, c’est une pure devinette » ont été pris en considération. Les résultats montrent que les identifications correctes de figures sont meilleures que le hasard.

  • Principes d’apprentissage implicite

L’apprentissage implicite, qui selon Berry et Dienes (1993) correspond à la possibilité d’apprendre sans en avoir conscience, se déroule en dehors de toute conscience et permet d’acquérir des habiletés sans pouvoir les expliciter et sans besoin de connaître les règles qui régissent cette habileté. Cet apprentissage donne lieu à un sentiment de connaissance intuitive. Un apprentissage est implicite lorsque d’une part les sujets se conduisent comme s’ils avaient appris quelque chose, mais, d’autre part, qu’ils ne peuvent rapporter verbalement ce qu’ils ont appris.

Ainsi, un mécanicien expérimenté peut très bien dire, suite à une simple écoute d’un moteur, qu’il s’agissait de tel ou tel problème qui explique la panne, sans être capable de dire explicitement quel élément auditif l’a conduit au diagnostic. Ce mécanicien a dû apprendre de manière implicite à associer différents bruits de moteur à différentes pannes sans en avoir conscience.

D’où part ailleurs, toute la difficulté d’expliquer nos habiletés à autrui, tel est le cas par exemple d’une personne qui veut expliquer à quelqu’un d’autre comment monter à vélo et se maintenir en équilibre.

 

 

En bref, nous avons grâce à la philosophie et à la psychologie, mis en évidence la perception subliminale et donc confirmé l’existence d’images subliminales. Nous allons donc maintenant nous interroger sur leurs éventuels effets sur notre comportement.

 

  • Les images subliminales, quels effets sur notre comportement ?
  • Les effets cognitifs de la perception subliminale

Le jugement d’autrui

Juger que nous ressentons une sympathie ou un attirance envers une personne serait soumis à de multiples facteurs internes et externes non accessibles à la conscience. Parmi ces facteurs, les chercheurs ont mis en évidence des aspects très primitifs tels que les odeurs du partenaire par exemple. Au niveau visuel, les auteurs ont montré que nous réagissons positivement aux individus qui ont la pupille dilatée et négativement lorsqu’ils ont la pupille rétrécie. Niedenthal et Cantor (1986) ont montré que ces informations, traitées en dehors de la conscience, affecte le jugement envers la personne que nous avons en face lors d’une interaction sociale.

Ils ont réalisé une recherche expérimentale pour mettre en évidence un tel effet. Quatre photos de jeunes femmes ayant la pupille dilatée et quatre autres photos des mêmes individus mais avec la pupille rétrécie ont été réalisées. L’ensemble de ces photographies était présenté à des individus qui devaient les juger sur un ensemble de traits de personnalité. Les résultats sont éloquents. Les photos des individus à pupille dilatée ont reçu davantage de descriptions positives et ceux à pupille rétrécie ont reçu des jugements négatifs. Les entretiens postexpérimentaux montrent que les sujets étaient totalement non conscients de la dilatation de la pupille. Il s’agit d’une information non consciente et traitée de façon subliminale qui a eu un effet très net sur le jugement d’un individu. Aussi, un ensemble d’informations provenant d’autrui sont traitées par le sujet et ont un impact sur le jugement d’autrui sans que cela puisse passer par la conscience.

  • Voir expérience Science & Vie, hors série n° 1044, septembre 2004.

 

  • Les effets des messages publicitaires.

Des recherches très récentes montrent que la perception subliminale de visages célèbres ou familiers peut affecter le jugement de messages publicitaires. Il s’agit de produire un effet sur la cible (des messages publicitaires) à partir de la présentation subliminale préalable d’une amorce (des visages célèbres) sans lien avec la cible. Les amorces sont donc des visages célèbres ou non célèbres, et les cibles sont des messages publicitaires que les sujets doivent juger crédibles ou non crédibles, ou vrai ou faux selon les expériences.

L’hypothèse formulée est donc la suivante : les messages publicitaires présentés immédiatement après l’exposition subliminale de visages de personnes célèbres seraient jugés plus crédibles ou plus vrais que les messages précédés par des personnes inconnues. En revanche, si les amorces sont présentées pendant une durée suffisamment longue pour permettre leur reconnaissance par les sujets, on ne devrait pas trouver de différence en fonction de la célébrité des amorces.

Pour opérationnaliser ces prédictions, le temps de présentation de visages est de 50 ms pour une présentation subliminale et de 400 ms pour une présentation supraliminale. Les visages utilisés sont des visages de personnes célèbres versus non célèbre. Une série de 16 visages célèbres constitués de visages de politiciens, de présentateurs d’émissions télévisées et de sportifs a été établie. Ces visages ont été choisis de manière à ce qu’il y ait autant de femmes que d’hommes dans chacune des cinq catégories citées. 16 autres visages, de personnes inconnues, ont été choisis pour constituer une seconde série. Le choix de ces 16 visages s’est fait de manière à ce qu’à chacun des visages célèbres corresponde un visage inconnu identique quant aux variables sexe et âge.

Ainsi, deux séries de visages ont été construites pour former un ensemble de 32 visages amorces. 32 messages, jugés au préalable par 100 sujets comme étant ni  «vrai » ni « faux », ont été retenus. Les 32 messages ont été associés aléatoirement pour une moitié de sujets aux 16 visages célèbres et pour l’autre moitié aux 16 visages inconnus. Chaque sujet était installé face à un ordinateur dans une salle bien éclairée. Avant que l’expérience débute, le mot « attention ! » apparaissait au centre pour indiquer au sujet que l’expérience allait commencer. Lorsque l’expérimentateur jugeait que le sujet était prêt, il déclenchait le démarrage immédiat de l’expérience. Un point de fixation centrale apparaissait alors pendant 200 ms afin que chaque sujet puisse fixer son regard au centre de l’écran. Après un intervalle de 700ms un visage (l’amorce), apparaissait au centre de l’écran durant 50 ms (condition subliminale pour 20 sujets) ou 400 ms (condition supraliminale pour les 20 autres sujets). La présentation de ces visages était immédiatement suivie par l’apparition d’un masque figural (constitué de droites et de courbes entrecroisées et ayant la même texture et la même luminosité que l’image du visage amorce), identique pour tous les essais et pour toutes les séries, durant 50 ms. Après un intervalle interstimulus de 50 ms, une phrase (servant de cible) était présentée. L’expérimentateur informait les sujets qu’ils verraient apparaître à l’écran un visage masqué puis une phrase. Il s’agissait pour les sujets de lire le message présenté sans tenir compte des visages, et de dire par une réponse binaire, la plus rapide possible, s’il leur semblait vrai ou faux. La réponse clavier des sujets déclenchait la disparition immédiate du message suivant et après un intervalle intéressais de 1500 ms un nouveau point de fixation centrale apparaissait et ainsi de suite.

La variable dépendante utilisée dans cette expérience est le nombre de messages jugés « vrais » pour chaque type d’amorce (visages célèbres versus visages inconnus). On observe un effet significatif du type de visage amorce (célèbres versus inconnus). Il n’y a pas d’effet de la présentation subliminale versus supraliminale des visages. Il y a un effet significatif du type de visage amorce dans la condition de présentation subliminale et non dans la condition supraliminale. Ainsi, les sujets estiment plus vrai un message cible lorsqu’il est immédiatement précédé d’un visage célèbre que lorsqu’il est précédé d’un visage inconnu. Mais ceci est vrai uniquement lorsque la présentation des visages est subliminale. Lorsque la présentation est supraliminale, on n’observe pas de différence entre le jugement des messages précédés d’un visage célèbre et le jugement de message précédé de visages inconnus.

Les effets comportementaux :

  • Peut-on modifier les comportements de consommation ?

 

Durant les années 1950 et 1960, nombreuses furent les utilisations des images subliminales par les industriels et les commerciaux. Les plus populaires sont celles qui ont été utilisées aux Etats-Unis dans les salles de cinéma pour augmenter les ventes des boissons Coca-cola. Elles étaient davantage motivées par l’augmentation des ventes des produits que par l’aspect scientifique. Or, pour être sûr q ue les images projetées sur les écrans de cinéma ont des effets sur le comportement de consommation, il fallait montrer que les effets ne sont pas dus à autre chose qu’à ces mêmes images et pouvoir contrôler un certain nombre de paramètres techniques pour être sûr que ce sont bien les instructions subliminales (« buvez Coca-cola » par exemple) qui ont eu un effet sur l’augmentation des ventes de cette boisson et non pas d’autres variables. Aussi, seule une reproduction au laboratoire, où l’on peut contrôler le plus de variables possible, permet de vérifier si effectivement, comme on l’avait prévu, la présentation d’images subliminales permet de produire des effets sur comportement de consommation.

C’est ainsi que Saegert (1979, 1987) par exemple a essayé de produire ces effets au laboratoire en contrôlant le maximum de variables et en comparant des sujets soumis à des images subliminales de type « buvez Coca-Cola » à un groupe contrôle ; des sujets qui n’ont pas subi de telles images. Les deux conditions expérimentales étaient identiques et différaient uniquement au niveau de l’exposition subliminale. Ils ont donc testé les effets de ces images sur le comportement de consommation. L’hypothèse était donc que le nombre de consommation de la boisson Coca-Cola augmenterait chez les sujets qui ont subi les images subliminales par rapport au groupe contrôle qui n’a pas subi une telle exposition. Les mêmes protocoles ont été réalisés sur un autre message subliminal « achetez du pop-corn ». Les résultats montrent qu’il n’y a aucune différence entre le groupe expérimental et le groupe contrôle dans certains cas et des différences ténues et très faibles dans d’autres cas. C’est-à-dire que la consommation du produit ayant fait l’objet d’instructions subliminales soit n’avait pas augmentée par rapport à la situation normale où il n’y a pas eu d’instructions subliminales soit elle a augmentée de manière très faible.

Les auteurs ont conclu qu’il est difficile, au moyen d’images subliminales, de conduire les gens à faire des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de faire, telles que boire du Coca-Cola ou manger des pop-corn si cela ne fait pas partie de leurs habitudes alimentaires.

 

On peut donc émettre la nouvelle hypothèse suivante : si les images subliminales ne permettent pas de produire des comportements nouveaux elles peuvent en revanche activer des besoins existants.

 

  • La consommation de tabac :

Bornstein (1989) rapporte une recherche dans laquelle les chercheurs ont sélectionné des sujets qui avaient déjà un besoin (fumer) et ont ensuite constitué deux groupes de fumeurs. La consommation quotidienne des fumeurs a évidemment été contrôlée ainsi que d’autres paramètres comme cela est habituel dans toute démarche expérimentale.

Le premier groupe était amené à subir des messages subliminaux consistant à éveiller le besoin de fumer et un second groupe, le groupe contrôle, n’était pas amené à subir les messages subliminaux. La mesure était le temps qui séparait la fin de l’expérience de la première cigarette fumée. Là encore on ne s’arrête pas sur les précautions que prend le chercheur pour que les sujets ne sachent pas de quoi il s’agit en évoquant des prétextes pour justifier la tache expérimentale.

Partant de cette hypothèse, Palmatier et Bornstein (1980) ont pu montrer que les sujets qui ont subi des messages subliminaux n’ont pas un comportement de consommation nouveau, elles permettent néanmoins d’éveiller un besoin déjà existant. Les images subliminales ont donc des effets sur le comportement, mais pas n’importe lesquels, il s’agit de comportements que le sujet à l’habitude de produire. L’impact des images subliminales serait donc moins important qu’on pourrait l’imaginer dans la mesure où il semble difficile de conduire un individu à consommer un produit qu’il n’a pas l’habitude de consommer en le soumettant à des images subliminales. Mais on peut penser qu’on pourra le conduire à consommer davantage de produits qu’il a déjà l’habitude de consommer.

 

 

  • Le comportement de vote :

Dans sa revue de question concernant les recherches sur les images subliminales entre 1959 et 1985, Dubley (1987) a conclu après avoir examiné un échantillon de recherche, que la possibilité que les images subliminales offrent un moyen de contrôle des comportements de vote est très peu probable. En effet, le comportement de vote ne semble pas subir les influences subliminales. Or, si les images subliminales ne peuvent pas influencer le comportement de vote de manière directe, elles peuvent avoir une influence indirecte. Cette influence concerne l’exposition répétée des individus à l’image, télévisuel par exemple, d’un candidat. Ainsi, il a été montré que les visages exposés de manière répétée bénéficient d’un jugement de préférence plus important que les visages non exposés de manière répétée. Cet effet a été observé aussi bien lorsque l’exposition est subliminale que lorsqu’elle est supraliminale.

 

  • Conclusion :

La perception subliminale, en prouvent les expériences, existe bien. Toutefois, les chercheurs s’accordent à dire que la perception inconsciente est incapable de nous pousser à l’action et ne peuvent éventuellement influer que sur des choix relatifs.

 


   
     

Créateurs : Jonathan F. Jeremy C. et Clément D.